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Nous reproduisons ici un extrait de la « Monographie de la commune de Saint-Sigismond » par Clément Bussat, instituteur public (1888)1. Nous ne sommes pas en mesure d’affirmer s’il faut accorder du crédit scientifique à ces quelques observations pour le moins idylliques qui ne font mention ni aux hivers très rigoureux du « petit âge glaciaire » et ses cohortes de famines, ni aux étés caniculaires provoquant l’échaudage2 des blés, dysenteries et disettes.

Pour enrichir ces notations, il faudrait pouvoir consulter, s’ils existent pour notre village, ou ceux du Faucigny, d’anciens « livres de raison3 » généralement tenus par des prêtres.

« Nous avons dit page 9 que les archives communales comprenait (sic) un cadastre terminé en 1645. C’est en tête de ce cadastre que nous extrayons les notes historiques ci-dessous concernant les saisons, notes écrites par une main inconnue.

« En 1172, l’hiver fut si doux que les arbres se couvrirent de verdure vers la fin de janvier et que les oiseaux nichèrent et eurent des petits en février.
En 1289, les jeunes filles portèrent à Noël et le jour des Rois, des couronnes de violettes, de bluets (sic), d’œillets et de marguerites.
L’an 1421 vit les arbres fleurir au mois de mars et les vignes au mois d’avril ; il y eut des cerises mûres au mois de mai.
En 1538, l’hiver fut si doux qu’il n’y eut ni gelées ni neige avant le 15 janvier et qu’on prit dans des nids de corbeaux des petits prêts à s’envoler.
En 1572, en janvier on vit paraître des feuilles sur les arbres qui en février couvrirent les nids des oiseaux.
En 1583, le même phénomène eut lieu et le blé fut en épis à Pâques.
En 1607, l’hiver fut très doux.
En 1622, janvier fut si chaud même au nord de l’Allemagne que tous les arbres furent en fleurs au mois de février.
En 1659, il n’y eut ni neige ni gelée. »

La note de 1622 concernant le nord de l’Allemagne fait supposer qu’elle fut rapportée par les nombreux voyageurs négociants, soit de St-Sigismond, soit d’Arâches qui parcouraient l’Allemagne à cette époque.

Le 19 juillet 1742, une grêle détruisit la plus grande partie de la récolte de St-Sigismond. L’intendant et son secrétaire se rendent sur les lieux pour faire l’expertise des dégâts. Il y restent un jour et demi et se font payer à l’exacteur4 Berthod vingt-huit livres, six sols et six deniers pour leur vacation. »

2Fait pour les raisins, les céréales d’avoir leur développement arrêté, de se dessécher sous l’action du soleil.

3Registre de comptabilité domestique tenu par le père de famille comportant également des notations à caractère familial ou local.